De Montego Bay aux stades du monde, Jimmy Cliff a porté la voix de la Jamaïque comme un étendard. Chanteur, acteur, mentor, il a traversé les décennies avec une intensité rare. Sa musique a accompagné les luttes, ses films ont façonné des imaginaires, et son énergie a même illuminé l’histoire improbable des sprinteurs jamaïcains devenus bobsleighers dans « Rasta Rockett ».






Photos : Ronald Grant Archive/Getty Images/Jimmy Cliff/Vision Addict/Bestimage/Dick Polak/Columbia/DR
James Chambers, enfant des collines
James Chambers naît en 1948 dans la paroisse de St. James. Son père lui transmet les chants religieux, tandis que Little Richard, Sam Cooke et Ray Charles nourrissent son oreille. À quatorze ans, il quitte Montego Bay pour Kingston. Là, dans les ruelles des ghettos, il découvre la dureté des rude boys. Mais c’est aussi là qu’il rencontre Leslie Kong, producteur visionnaire. En entendant sa voix, Leslie Kong lui dit : « Tu as la plus belle voix que j’aie jamais entendue en Jamaïque ». Ce moment transforme James Chambers en Jimmy Cliff.
De Kingston à Londres, la voix s’élève
Dans les années 1960, Jimmy Cliff s’installe à Londres. Il croise Pete Townshend et Robert Plant, mais c’est son album « Wonderful World, Beautiful People » qui révèle son génie. Vietnam devient un hymne contre la guerre, « Many Rivers to Cross » une ballade universelle. Jimmy Cliff n’est plus seulement un chanteur, il est la voix d’une génération en quête de justice et de lumière






Photos : Ronald Grant Archive/Getty Images/Jimmy Cliff/Vision Addict/Bestimage/Dick Polak/Columbia/DR
Perry Henzell et l’épopée de The Harder They Come
En 1972, Perry Henzell lui propose de jouer Ivanhoe Martin dans « The Harder They Come ». Jimmy Cliff accepte et incarne ce rude boy tragique, miroir d’une Jamaïque en lutte. Le film devient culte, et sa bande originale propulse le reggae sur la scène mondiale. Jimmy Cliff devient une icône planétaire, un pont entre Kingston et le reste du monde.
Jimmy Cliff et Bob Marley, fraternité et solitude
Jimmy Cliff ne fut pas seulement une star. Il fut aussi un passeur. Il présente Bob Marley à Leslie Kong, lui offrant une première chance. Plus tard, Jimmy Cliff dira : « Bob Marley était un artiste que j’ai pris sous mon aile. Nous partagions des idées révolutionnaires, mais lui aimait tout le monde. Moi, je suis solitaire. » Cette confession révèle la profondeur de leur lien et la singularité de Jimmy Cliff.
« Rasta Rockett », quand la musique devient souffle olympique
En 1993, le cinéma s’empare d’une histoire improbable : celle de quatre Jamaïcains qui rêvent de participer aux Jeux olympiques… en bobsleigh. Le film « Rasta Rockett » (réalisé par Jon Turteltaub) devient un phénomène mondial. Et c’est la voix de Jimmy Cliff qui accompagne cette odyssée avec sa reprise de « I Can See Clearly Now ». Sa chanson, lumineuse et pleine d’espoir, devient l’âme du film. Elle incarne l’idée que tout est possible, même pour des sprinteurs des Caraïbes lancés sur la glace.








Un héritage universel
Jimmy Cliff enregistre des albums marquants, remporte des Grammy Awards et prête sa voix à des générations entières. En 2020, il rend hommage à Frederick Nathaniel Hibbert, dit Toots Hibbert, en parlant de la mort comme d’une traversée. Aujourd’hui, c’est lui qui franchit ce passage.
Adieu Jimmy Cliff
Jimmy Cliff laisse derrière lui une œuvre qui résonne comme une prière. Ses chansons continuent de traverser les rivières, les montagnes et les cœurs. Et son refrain, « You can get it if you really want », reste une promesse pour tous les rêveurs du monde.









Photos : Ronald Grant Archive/Getty Images/Jimmy Cliff/Vision Addict/Bestimage/Dick Polak/Columbia/DR



