À l’Institut du monde arabe, la dernière reine d’Égypte se réinvente sous nos yeux. Entre vestiges antiques et images de cinéma, l’exposition « Le mystère Cléopâtre » raconte comment une souveraine visionnaire est devenue une icône intemporelle, tour à tour stratège, amante, féministe et diva hollywoodienne. Une plongée dans le vertige d’un mythe qui refuse de mourir.






Crédit: IMA/Everett Collection/Bridgeman Images/© 20th Century Fox Film/DR
Une reine qui défie les siècles
Cléopâtre VII, dernière reine d’Égypte, règne de 51 à 30 avant J.-C. Alliée de César et de Marc Antoine, elle incarne une puissance politique rare dans un monde dominé par les hommes. Mais ce n’est pas seulement son règne qui traverse les siècles : c’est son image, sans cesse remodelée. À l’IMA, bustes, monnaies et papyrus dialoguent avec affiches de cinéma, publicités et bandes dessinées. On y découvre une Cléopâtre insaisissable, miroir des fantasmes de chaque époque.
Théâtre des illusions
Bien avant Hollywood, Cléopâtre avait déjà conquis les planches. Étienne Jodelle en fait une héroïne tragique en 1553, Shakespeare lui offre ses lettres de noblesse avec Antoine et Cléopâtre. Au XIXe siècle, Sarah Bernhardt la sublime sur scène, entourée de décors somptueux et de bijoux étincelants. La reine devient alors une apparition surnaturelle, une femme qui fascine autant qu’elle échappe.




Hollywood, machine à mythes
Le cinéma s’empare du personnage dès 1899 avec Georges Méliès. Puis viennent Theda Bara, Claudette Colbert, et enfin cinéma. En 1963, Lizpatra impose une Cléopâtre définitive : 65 robes, 30 perruques, un million de dollars de cachet. Monument de luxe et d’excès, le film de Mankiewicz consacre Liz Taylor comme la reine ultime, au point que son nom fusionne avec celui de Cléopâtre. Depuis, plus de 220 films ont repris le rôle, des péplums aux comédies populaires comme Astérix et Obélix : « Mission Cléopâtre » avec Monica Bellucci, jusqu’aux réinterprétations contemporaines avec Marion Cotillard. Même l’industrie pornographique s’est emparée du mythe, preuve que Cléopâtre reste une figure de désir et de transgression.




Une énigme qui ne s’éteint pas
L’exposition de l’IMA ne cherche pas à figer Cléopâtre. Elle juxtapose les vestiges et les fantasmes, les traces historiques et les images de cinéma, pour montrer comment la reine est devenue un miroir des époques. Stratège ou séductrice, reine ou star, Cléopâtre reste une énigme. Et c’est peut-être là son plus grand pouvoir : continuer à captiver, à défier les siècles, à rappeler que certains mythes ne meurent jamais.








Crédit: IMA/Everett Collection/Bridgeman Images/© 20th Century Fox Film/DR


