Ce matin-là, Paris s’est réveillée au rythme des battements de cœur. Des milliers de cœurs. Des rapides, des lents, des jeunes, des cabossés, des affamés de chrono ou de revanche. Tous alignés sur le Pont d’Iéna, face à la Tour Eiffel, pour écrire leur chapitre des 20 km de Paris. Et quel chapitre.
Photos : 20kms de Paris/DR
Le bitume comme terrain de jeu
Il est 9h pile quand le peloton s’élance. Une vague compacte, colorée, qui déferle sur les quais de Seine. Le ciel est clair, l’air un peu frais, parfait pour courir. Les jambes sont encore légères, les visages concentrés. On entend les foulées, les souffles, les encouragements. On devine déjà que cette 47e édition ne sera pas comme les autres. Le parcours, lui, n’a pas changé son ADN : les quais, les tunnels, le Bois de Boulogne, puis le retour vers la Tour Eiffel. Mais cette année, il y a du monde. Beaucoup de monde. 33 000 dossards, un record. Alors on a ajusté un virage, déplacé une arche, fluidifié les sas. Et ça fonctionne. Paris déroule.
Photos : 20kms de Paris/DR
Etienne Daguinos, le feu aux semelles
Et puis il y a lui. Étienne Daguinos. Le regard vissé sur sa montre, les bras qui tranchent l’air, le souffle court mais régulier. Il est parti vite. Très vite. Trop vite ? Non. Il sait ce qu’il fait. Il a Tokyo dans les jambes, la rage dans le ventre. À 38 minutes, il demande un relais à Said Mechaal. Petite alerte. Mais le ravito le relance. Et là, il s’envole. À l’arrivée, le chrono affiche 56’18. Record explosé. Vingt ans qu’il tenait. Derrière, Emmanuel Roudolf-Levisse (56’31) et Said Mechaal (56’32) font eux aussi mieux que l’ancien temps de référence. Trois hommes sous les 57 minutes. C’est du jamais-vu.
Mercy Chebwogen, la force tranquille
Chez les femmes, Mercy Chebwogen a mené sa course comme on mène une danse. Rythmée, précise, implacable. Elle ne s’est jamais retournée. Elle a juste couru, droit devant, jusqu’à la ligne. 1h04’58. Nouveau record aussi. Juste devant Kaoutar Farkoussi et Manon Trapp, qui s’est battue jusqu’au bout pour accrocher le podium. Anaïs Quemener fais quant à elle une belle course dans le top 10
Photos : 20kms de Paris/DR
Des héros dans chaque couloir
Mais les 20 km de Paris, ce n’est pas qu’une affaire de records. C’est aussi Thibault Daurat, vainqueur en handisport devant l’inusable Julein Casoli. C’est Shaunah Bocquet, impériale en fauteuil. C’est Clément Gass, malvoyant, qui boucle la course seul, guidé par une canne connectée. Frank Leboeuf, parrain de l’édition, qui remet 80 000 euros à l’association Le Bleuet de France. Il y avait aussi cette femme de 75 ans, ce monsieur de 83, qui franchissent la ligne avec les bras levés.. C’est les bénévoles qui hurlent les prénoms, les enfants qui tendent des mains, les larmes qui montent sans prévenir.
Photos : 20kms de Paris/DR
Paris, capitale du souffle
Ce dimanche, Paris n’était pas une ville. C’était un cœur géant. Un cœur qui bat pour le sport, pour la fête, pour les autres. Un cœur qui court, qui rit, qui pleure. Un cœur qui dit : on est là, ensemble, et on avance. Et ça, aucun chrono ne pourra jamais le mesurer.
Photos : 20kms de Paris/DR
