Ce soir-là, au 40 rue de Sèvres, le silence était presque cérémoniel. Pas de décors spectaculaires, pas de mise en scène labyrinthique. Juste la croix de pierre du vieil hospice, cœur battant de la maison Balenciaga, et une promesse : celle d’un nouveau départ. Pour son premier défilé à la tête de la griffe, Pierpaolo Piccioli n’a pas cherché à impressionner. Il a préféré respirer.












Photos : Balenciaga/DR
Retour à la source
Le choix du lieu n’est pas anodin. C’est là, dans l’intimité du siège historique, que le nouveau chef d’orchestre italien a décidé de poser ses valises. Et de faire parler les vêtements. Sur les bancs, Isabelle Huppert, Anne Hathaway, Laetitia Casta. Mais ce soir, les stars sont en retrait. Le set est nu, presque monacal. Le regard est dirigé vers les coupes, les volumes, les matières. La première robe, noire, courbée dans le dos, ouvre le bal. Elle évoque les prodiges de Cristóbal Balenciaga, ce génie capable de redonner noblesse à n’importe quelle silhouette. Piccioli ne cherche pas à le copier. Il s’inspire de sa méthode : mettre l’humain au centre, sculpter sans rigidité, créer avec le tissu et l’air.
Le corps, l’air, le tissu : une trinité créative
« Je voulais offrir de l’espace au corps », confie le maître en coulisses. Et sur le podium, cette idée prend forme. Robes drapées, blousons boule, chemises amples, chaque pièce semble flotter, respirer, dialoguer avec le vide. Le gazar, matière fétiche de Balenciaga, est revisité. Non pas ressuscité, mais réinterprété. Pierpaolo Piccioli en extrait les principes, les transpose dans ses propres étoffes. La collection est rigoureuse, mais jamais rigide. Elle parle d’architecture, mais aussi de souffle. Elle enveloppe sans enfermer. Elle protège sans masquer.
















Photos : Balenciaga/DR
Une palette qui signe le retour d’un maître
Si les clins d’œil aux anciens sont là, lunettes masque de Demna, sac City de Nicolas Ghesquière, c’est bien la couleur qui affirme la nouvelle direction. Jaune lime, rouge carmin, menthe, magenta : la grammaire chromatique de Pierpaolo Piccioli, longtemps associée à Valentino, revient en force. Elle insuffle une énergie nouvelle, une élégance couture, une audace tranquille.












Photos : Balenciaga/DR
Composer avec le passé pour écrire demain
Ce premier défilé n’est pas une rupture. C’est une transition. Une manière de dire que l’on peut honorer les fondations tout en construisant autre chose. Pierpaolo Piccioli ne cherche pas à effacer. Il ajoute. Il nuance. Il respire. Et dans cette respiration, Balenciaga retrouve son souffle. Celui d’une maison qui sait d’où elle vient. Et qui, désormais, sait où elle va.













Photos : Balenciaga/DR



