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Robert Redford, le dernier éclat d’un cinéma libre

Il s’est éteint là où il avait choisi de vivre, dans les montagnes de l’Utah, entouré des siens. À 89 ans, Robert Redford tire sa révérence. Acteur mythique, réalisateur oscarisé, militant discret et bâtisseur du cinéma indépendant, il laisse derrière lui une œuvre immense et une empreinte indélébile sur l’histoire d’Hollywood.

Un visage, une époque

Il avait ce regard clair qui semblait toujours scruter l’horizon, comme s’il cherchait quelque chose de plus grand que lui. Robert Redford n’était pas seulement une star, il était une époque. Celle des années 70, où le cinéma américain se réinventait, entre rébellion et élégance. Il incarnait des hommes complexes, souvent solitaires, toujours libres. De « Butch Cassidy » à « Gatsby », de « Jeremiah Johnson » à Bob Woodward, il a traversé les genres avec une aisance rare, sans jamais perdre son mystère. Sa beauté n’était pas lisse, elle était brûlante. Elle disait quelque chose de l’Amérique, de ses rêves, de ses contradictions, de ses blessures. Robert Redford ne jouait pas, il habitait ses rôles. Et derrière chaque personnage, il y avait un homme qui refusait les compromis.

Le bâtisseur de Sundance Institute

Mais l’acteur ne s’est jamais contenté d’être devant la caméra. Très tôt, il a compris que le vrai pouvoir résidait dans la création. En 1981, il réalise « Ordinary People », un drame familial d’une justesse bouleversante, qui lui vaut l’Oscar du meilleur réalisateur. Puis il fonde le Sundance Institute, dans les montagnes de l’Utah, loin des studios et des tapis rouges. Sundance devient vite le cœur battant du cinéma indépendant. Robert Redford y accueille les voix nouvelles, les récits marginaux, les formes audacieuses. Il ne cherche pas à plaire, il cherche à faire entendre. Grâce à lui, des films comme « Reservoir Dogs », « Donnie Darko » ou « Coda » trouvent leur public. Il offre aux cinéastes un espace de liberté, un souffle, une chance.

Un homme engagé, discret mais déterminé

Robert Redford n’a jamais crié ses convictions, il les a incarnées. Défenseur de l’environnement, opposant au pipeline Keystone XL, administrateur du Natural Resources Defense Council, il a toujours mis son notoriété au service des causes qu’il jugeait justes. À Hollywood, on le surnomme le « libéral élégant » Lui, il continue d’agir, sans bruit.Il reçoit les plus hautes distinctions: Oscar d’honneur, Lion d’or, César, Légion d’honneur, Médaille présidentielle de la liberté. Mais ce qui compte pour lui, ce n’est pas la reconnaissance. C’est l’impact. C’est ce qu’il laisse derrière.

Le dernier plan

Dans ses dernières années, Robert Redford ralentit. Il cède la direction de Sundance Institute, annonce sa retraite d’acteur, puis revient une dernière fois dans « The Old Man & the Gun », un film doux et mélancolique, comme un adieu en sourdine. Il joue un braqueur vieillissant, avec ce sourire qui n’a jamais changé. Et puis il s’en va. Sans fracas. Juste une lumière qui s’éteint doucement, dans les montagnes qu’il aimait tant.

Héritage d’un homme libre

Robert Redford n’était pas un héros. Il était mieux que ça. Il était un homme libre, un artiste entier, un passeur de récits. Il a changé Hollywood sans jamais le dominer. Il a offert au cinéma américain ses plus belles nuances, celles de l’ombre et de la lumière, du silence et du cri. Aujourd’hui, on regarde ses films comme on relit une lettre précieuse. On y retrouve une époque, une voix, une vérité. Et on se dit que tant qu’il y aura des histoires à raconter, Redford ne sera jamais vraiment parti.

Photos :  Paramount/ Dino De Laurentiis Company/Warner Bros/Getty Images/Sundance Institute/La cinémathèque/Mirage//Universal/DR



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