Elle a charmé le monde avec un sourire de porcelaine et un regard de chat. Mais aujourd’hui, Audrey Tautou ne joue plus. Elle observe. Avec Superfacial, exposition intime et piquante au Quai de la photo, l’actrice devenue photographe retourne les rôles et questionne la mécanique du star-system. Derrière l’icône, une femme. Derrière Amélie, Audrey.



Photos : Audrey Tautou/Quai de la Photo/DR
Une star qui ne voulait pas en être une
Audrey Tautou n’a jamais couru après les projecteurs. Ils lui sont tombés dessus, comme une pluie de flashs, un soir de 2001, quand Le fabuleux destin d’Amélie Poulain a fait d’elle une figure mondiale. À 25 ans, elle voulait juste jouer. Pas devenir un visage. Et pourtant, c’est ce visage que le monde a retenu. Celui qu’on a collé sur des affiches, des couvertures, des fantasmes. Alors, elle a pris du recul. Elle a quitté les plateaux, les tapis rouges, les interviews en rafale. Et elle a pris un appareil photo.
Observer sans être vue
« Ce qui m’importe, c’est de pouvoir observer les gens sans subir leur regard », confie-t-elle. C’est là que commence « Superfacial », ce projet né d’un besoin de respirer, de reprendre possession de son image. Audrey Tautou photographie. Elle capte les visages qui l’ont scrutée, les journalistes qui l’ont interrogée, les anonymes qui l’ont ignorée. Elle traque les dos, les regards absents, les instants volés. Dans une petite pièce de la péniche du Quai de la photo, les murs sont tapissés d’yeux. Ceux de ceux qui l’ont regardée sans vraiment la voir. Et elle, en retour, les a fixés.. Un lien fragile, le temps d’un « Clic ».




mPhotos : Audrey Tautou/Quai de la Photo/DR
L’ironie comme arme douce
Le titre « Superfacial » est un clin d’œil, une moquerie tendre. Audrey Tautou joue avec les mots comme elle joue avec les clichés. Ses séries sont pleines d’ironie, de distance, de lucidité. Elle se moque de son propre statut, de cette célébrité qui colle à la peau comme un maquillage trop épais. Manon Briffaud, scénographe, a mis en espace cette vision avec délicatesse. La galerie, gratuite et flottante, devient un lieu de vie, de réflexion, de respiration. On y croise des lettres de fans, parfois touchantes, parfois dérangeantes. Des mots d’hommes, crus, intrusifs. Des listes de tâches banales griffonnées par Audrey elle-même, ranger, lire, arrêter de fumer. Des choses simples. Des choses vraies.




Photos : Audrey Tautou/Quai de la Photo/DR
Derrière le masque, une femme
Ce qui frappe dans Superfacial, c’est la sincérité. Audrey Tautou ne cherche pas à séduire. Elle cherche à comprendre. À se comprendre. À montrer ce que la célébrité efface, ce qu’elle écrase, ce qu’elle transforme. Elle ne joue plus un rôle. Elle se montre. Et c’est bouleversant.
En bref
Jusqu’au 10 septembre 2025, le Quai de la photo accueille cette exposition comme on accueille une confidence. On y entre avec curiosité, on en ressort avec un drôle de goût dans la bouche. Celui d’avoir vu, enfin, Audrey. Pas Amélie. Juste Audrey.
Et c’est très beau !







Photos : Audrey Tautou/Quai de la Photo/DR