Au sein du temple de l’art contemporain qu’est la Fondation Cartier, Issey Miyake a orchestré un défilé qui transcende les frontières de la mode et de l’art. Sous un soleil de juin les silhouettes ont dansé, les tissus ont chanté, et la lumière a joué son rôle de soliste. Un spectacle où chaque détail est une note dans la partition d’un futur réinventé.








Photos : Issey Miyake/DR
Retour en fanfare
Boulevard Raspail, ce jeudi de juin, a vu renaître la magie d’Issey Miyake. Alors que la ville suffoquait la veille sous une chaleur étouffante, la Fondation Cartier est devenue le théâtre d’un défilé hors du commun. Les mannequins, tels des guerriers venus d’une autre galaxie, ont envahi la scène, transformant le défilé en une performance artistique où la lumière et le mouvement régnaient en maîtres. La maison Miyake est en pleine métamorphose. Après avoir dit adieu à Homme Plissé, c’est au tour d’IM Men, la dernière création du maître avant son départ, de prendre les rênes. Sous la direction de Sen Kawahara, Yuki Itakura et Nobutaka Kobayashi, la collection a fait un retour triomphal sur la scène parisienne, marquant les esprits par son audace et son originalité.








Photos : Issey Miyake/DR
Chorégraphie de lumière et de matière
Le thème de cette saison, “Texture dansante”, s’inspire de l’art de la céramique de Shoji Kamoda, mais aussi d’une chorégraphie onirique qui a laissé les spectateurs dans un état de rêve éveillé. Les mannequins semblaient flotter, tourner et glisser sous les projecteurs, leurs mouvements évoquant une danse entre le réel et l’imaginaire. Par moments, on se demandait si l’on assistait à un défilé ou à une performance artistique avant-gardiste. Le public, mélange éclectique de fashionistas, de journalistes et d’inconditionnels de la marque, se déplaçait au rythme de la musique, cherchant à la fois l’ombre et la meilleure vue. Le premier mannequin est apparu avec un chapeau audacieux, annonçant une série de silhouettes futuristes, mi-hommes de fer, mi-ninjas de l’espace, conçues pour des mondes encore inexplorés.
Vêtements pour un avenir lointain
Les créations semblaient destinées à un nouveau monde, voire à une nouvelle humanité. Les surfaces se dépliaient, se plissaient et scintillaient, les feuilles métalliques captaient la lumière, et les tissages jacquard rappelaient les vagues des céramiques de Kamoda. Des motifs éclatants de vermillon et de blanc côtoyaient un vert néon, issu de filets de pêche recyclés. Un manteau se transformait en un col spectaculaire, tandis que des blousons et des pantalons, posés à plat, formaient des cercles parfaits, un hommage aux assiettes de Kamoda.








Photos : Issey Miyake/DR
Esprit intemporel d’Issey Miyake
Issey Miyake, bien que disparu en 2022, planait sur la collection, son esprit présent dans chaque pli, chaque courbe, chaque innovation. IM Men est sa dernière création, un laboratoire d’idées où l’innovation et le risque le disputent à l’audace, interprété avec brio par une nouvelle génération de créateurs. Son héritage vit dans chaque détail, chaque surprise, chaque éclat de rire que suscite la collection. La mode est un art vivant, une symphonie où chaque élément joue sa partition. Sous une chaleur parisienne respirable, cette symphonie a résonné avec une intensité particulière, laissant présager un avenir où la mode et l’art ne feront plus qu’un.










Photos : Issey Miyake/DR